Un patient sur cinq ayant contracté une forme sévère de la Covid-19 développe une atteinte myocardique. Le suivi des biomarqueurs cardiaques, et notamment de la troponine, est essentiel pour le diagnostic et le suivi de ces atteintes. Décryptage.

Au-delà du test RT-PCR de diagnostic, les laboratoires ont un rôle crucial dans l'évaluation du risque, le pronostic et l'efficacité thérapeutique durant une infection sévère au SARS-CoV-2.

"Lors d'une infection sévère au SARS-CoV-2, de nombreux marqueurs biologiques sont perturbés, signes d'une multiviscérale d'un syndrome inflammatoire massif" présente le Pr Kamel du CHU Amiens. “En ce qui concerne plus spécifiquement l'atteinte myocardique, les paramètres augmentés sont la myoglobine, les CK-MB (Créatine Kinase-Mb), le BNP (brain natriuretic peptide) et la troponine »

La prévalence moyenne de ces atteintes est de 20 % chez les patients hospitalisés avec la Covid-19. Les symptômes sont peu spécifiques: dyspnée, toux, douleur dans la poitrine peu localisée, profonde hypoxémie et tachycardie.

 

La troponine associée à un mauvais pronostic...

Ces atteintes myocardiques peuvent provoquer des infarctus du myocarde (IDM), mais les mécanismes physiopathologiques sont encore mal connus. Deux hypothèses ont été émises : une atteinte myocardique directe (infection virale des cardiomyocyte​s) ou indirecte (infection pulmonaire), cette seconde notion paraissant la plus probable. 

 

...mais non spécifique de l' IDM

D'autres atteintes myocardiques peuvent ainsi avoir lieu lors de la Covid-19 telles que la myocardite (agression virale des cellules cardiaques associée à des phénomènes inflammatoire liés à l'activation de la réponse immunitaire innée, représentant environ 5 % des cas) ou la cardiomyopathie de Tako-Tsubo appelée "cardiomyopathie de stress" (insuffisance cardiaque aigüe au mécanisme physiopathologie encore inconnu)

 

Un risque à un an augmenté

Près d'un tiers des patients ayant eu une infection par le SARS-CoV-2 développeraient un Covid long selon les résultats de Santé publique France. Cette affection se définit par des symptômes persistants au moins deux mois​ après l'infection et qui ne peuvent être expliqués par d'autres diagnostics et ont un impact sur la vie quotidienne. Ces derniers sont multiples et les affections cardiovasculaires en font partie. Une étude récente montre que le risque cardiovasculaire à un an après l'infection est d'autant plus augmenté par rapport à la population générale que l'atteinte est sévère.

 

Source : Par Nadia Bastide-Sibille - Octobre 2022 Biologiste Infos n°119